la subversion est instructive

mercredi, juillet 25, 2007

Oï, bien ou koi?

J'ai commencé avec le classique, c'était foutu d'avance. Mes parents essayaient pourtant avec la meilleure volonté du monde, consciencieusement, de me faire découvrir la vraie musique à coup de 33 tours d'enrico macias et claude barzotti, j'ai tout fichu en l'air en tombant amoureuse de beethoven et tchaïkowski, petite. Bon, j'avoue que, dans un repli bien caché de ma mémoire, restent quelques vagues souvenirs de moi dansant sur du Sardou ou chantant à gorge déployée "Je te donne toutes mes différences" (la version Goldman, hein, attention).
Mais quand même, lorsqu'ils m'ont offert ma première radio (avec lecteur cd K7 et tout), ils ont eu d'autant plus de mérite qu'ils savaient que c'en était fini de la paix (musicale) du foyer. Ils savaient que je traumatiserais l'intégralité des habitants de la maison avec des lieds, opéras, concertos et tutti quanti, et pourtant, ils l'ont déposée dans ma chambre avant que je ne rentre de cours : si ce n'est pas de la bonté d'âme pure et dure. Je m'en servais aussi pour écouter les exploits de Kapo, Kalou, Mexes, Cissé, etc., c'est vrai, mais à part ma mère, je ne disposais que d'un soutien très modéré du reste de la famille sur ce plan. Il n'y a donc pas d'explication rationnelle.

Je faisais du violon, à l'époque.
J'aimais la musique dite "classique", romantique en fait pour ce qui me concerne (Bramhs, Schubert, Tchaïkowski, Beethov, Rossini, Wagner, etc.), à un point qu'on peut difficilement imaginer. Je n'ai pas cessé de l'aimer : j'ai encore terrorisé quelqu'un en en parlant, récemment. Il a d'ailleurs considéré que continuer de me voir alors même qu'il connaissait ce secret était vraiment une preuve d'attachement digne de ce nom, et me l'a rappelé depuis. Peut-être est-ce le cas.

Mais, les années passant, j'ai commencé à écouter un peu de rock. Trust mis à part, je me lavais principalement les oreilles avec de la soupe. C'est surtout le côté comédie musicale de Trust que j'appréciais, je dois avouer, en plus. Si vous ne le voyez pas... Je ne sais pas comment vous expliquer.

C'est vers 17/18 ans que je me suis mise sérieusement à écouter du rock un peu plus exigeant et du punk. Un an après environ, je commençais à n'écouter plus grand chose, à part les Ramones, les Wampas, LSD et les Sex Pistols. Pas franchement ce qu'on fait de plus underground, d'accord, mais je m'y suis mise petit à petit.
D'autant que, avec le punk, c'était beaucoup plus qu'une question de musique (comme avec le classique d'ailleurs) : c'est une question de vie, d'espoir, de comportement. Cf. un post en 2005 il me semble.

Et c'est sans doute pour ça que, moi l'adolescente épargnée par la vague NTM lorsqu'elle submergeait toutes les cours de récré, moi qui n'avait pas daigné jeter une demie-oreille au rap quand j'avais l'âge d'en écouter, je m'y suis jetée à corps perdu (en dépit des rhumatismes et varices diverses ...) depuis quelques mois.
Attention, pas n'importe quel rap. Au début, ça n'avait pas grand chose à voir avec, d'ailleurs, c'est par Keny Arkana que j'ai accroché. Ca peut paraître bizarre, d'accord, pour quelqun qui connait un peu le rap, et la petite marseillaise. Mais c'est peut-être justement ça qui m'a séduite : ça ne ressemble pas trop à du hip hop, moins encore à du r'n'b (c'est surtout ça qui me faisait peur, en fait), elle gueule juste. Et comme ses mots pourraient être les miens, ben forcément j'ai accroché.
Petit à petit, j'ai joué l'autodidacte du rap. C'était drôle : je découvrais en même temps Sniper et Bouchées Doubles, le 3ème oeil et Singe des Rues, Swift Guad et ATK. Et je mettais tout sur un même plan : comme je ne savais pas ce qui était connu et ce qui ne l'était pas, ce qui avait bonne réputation et ce qui ne l'avait pas, je scrutais tout ça sans complaisance, et j'ai fini par me rendre compte que j'adorais le rap hardcore. pas trop gangsta, si possible, mais hardcore.
Ca vous étonne?

En fait, ça m'aurait peut-être étonné, et beaucoup même, il y a un an. Mais aujourd'hui ça me paraît d'une logique lisse et imparable : c'est la même révolte. Et, que ça me plaise ou non, je suis une gosse de mon temps (sans que cela ne m'empêche aucunement d'être une vieille des années 70, hein), donc il était impossible que je demeure éternellement fermée à une culture qui exprime aussi ce qui me fait vibrer dans un bon morceau de punk.
Il y a toujours plein de hip hop que je déteste, évidemment. Mais il y a aussi beaucoup de punk qui me saoule.

Donc j'me ferais une crête mais qui rentrera sous la capuche de mon sweat.
(j'rigole hein. vous ne vous rappelez pas ce que j'ai dit sur les crêtes?)

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Comme à 15 ans

Tiens c'est drôle, je vais déménager samedi, et j'ai vraiment l'impression de débarquer sur paname, genre "Hey Buenos Aires lalalalalaa"
Comme si c'était un nouveau début, la première fois que j'habitais seule, tranquille, avec toute la ville pour me balader et réfléchir, une bière à la main. Je crois que j'ai très envie d'être toute seule, indépendante, et pouvoir rentrer à pas d'heure sans que ça ne gêne qui que ce soit.
Envie de promenades urbaines et d'horaires inexistants, de gens croisés rapidement et d'autres qu'on revoit, de temps à autre, par hasard.

M'être rendue compte que je suis un sauvage asocial, ça m'a fait du bien. Jamais je ne serai la poupée que certains voudraient tenir sous leur coupe, et c'est tant mieux. Peut-être donnerai-je la main à quelqun, mais en toute confiance, cette fois-ci, tout est à recommencer on verra bien avec qui : lui ou un autre, mais un égal. Pas de projets en forme de cages à rêves, pas de conciliations aux allures de compromis, c'est fini. Demain on verra, demain. Une décision, que suivront mille autres.

J'ai réalisé que la bonne vieille amitié virile (hahaha), ça a du bon. Se rouler dans le sable en se bourrant de coups de poing, que cela vous paraisse étrange ou non, ça fait du bien. Et on se repose des émotions en buvant une tite mousse. Et on erre en quête d'un noctambus qu'on ne risque pas de trouver puisqu'on a pris une rue en sens unique (le mauvais, évidemment). Le week-end dernier j'ai vu plein de films débiles avec des copains, c'était rigolo : du kickboxing québecois, des peplums ratés, des histoires de dieux de l'Olympe qui font du kung-fu, une présentation du carnaval de Rio par Schwarty... que du lourd. J'ai aussi vu Volver, toute seule à la Villette. C'était bien!!! Le film, et d'être toute seule, ouverte à l'inconnu. J'ai discuté avec des types en sortant de la projection. Pour rien, juste pour parler. J'ai aussi été à un barbecue, et je me suis même super bien entendue avec une fille... oui, une fille!! On a bu du Calva, j'ai dormi dans un grand lit avec un nounours énorme. J'ai vu une comédie grinçante italienne des années 60, hier, drôle et méchante, truc de bidonvilles ; en plus je venais de ramasser des vêtements qui n'attendaient que le passage des éboueurs pour accéder enfin au repos éternel. Raté, ils m'ont plu. Bref, c'est la belle vie, je m'amuse, je suis libre.

Libre pour encore quelques mois. Ensuite, il faudra se décider, savoir si je la présente ou non cette ... d'agreg. Oh, je verrai bien d'ici là.
Savoir que devenir, comment vivre, manger et boire. Savoir où vivre.

Libre aussi d'oublier que je vis dans un pays qui est en train d'expulser pour la deuxième fois mon pote brésilien. La nation française le loge et nourrit en attendant, à titre gracieux (on est dans le pays des droits de l'homme, oui ou merde) dans un magnifique centre de rétention à Palaiseau. La classe, non. Sauf qu'il en est tellement content, du service, qu'il ne veut même pas que je vienne lui rendre visite de peur d'avoir à passer par la fouille obligatoire avant et après le parloir, à poil avec des mecs qui te tripotent de partout.

Libre d'oublier que je ne sais pas quoi faire pour changer quoique ce soit à ce foutoir, pour qu'on arrête de nous bassiner avec l'identité nationale, la rentabilité et le travail. Je n'aime pas le travail.
Je n'aime pas non plus l'argent, où est le problème? J'ai envie de vivre avec les gens et pas toute seule, de ne pas être riche tant qu'il y aura des gens qui crèvent de faim ou ne peuvent pas réaliser leurs rêves, où est le problème? Pourquoi est-ce que les pauvres eux-mêmes sont si scandalisés qu'on méprise ce bel argent, qu'on ne le dépense pas n'importe comment afin de n'avoir pas à s'en procurer du "nouveau"?
Je n'ai pas envie d'être salariée, même si je devrai bien l'être un minimum pour ne dépendre de personne, alors tant pis. J'ai bien choisi mes priorités, et je ne demande rien à personne, que je sache..

Je suis probablement immature. Bien. Je changerai d'avis dans quelques années. Bien. J'en aurai marre d'avoir du mal à joindre les deux bouts. Bien.
Et alors?
En attendant, je m'amuse, je me serai amusée. J'espère que les autres en feront autant, c'est tout.

Et, une fois de plus, je répète que je préfère une alternance de déprime glauque et de joies démesurées qu'une tiède et béate apathie. Mais bon. Vous me connaissez un peu, maintenant.

La prochaine fois je parle du rap. Promis.

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