mercredi, juillet 25, 2007

Comme à 15 ans

Tiens c'est drôle, je vais déménager samedi, et j'ai vraiment l'impression de débarquer sur paname, genre "Hey Buenos Aires lalalalalaa"
Comme si c'était un nouveau début, la première fois que j'habitais seule, tranquille, avec toute la ville pour me balader et réfléchir, une bière à la main. Je crois que j'ai très envie d'être toute seule, indépendante, et pouvoir rentrer à pas d'heure sans que ça ne gêne qui que ce soit.
Envie de promenades urbaines et d'horaires inexistants, de gens croisés rapidement et d'autres qu'on revoit, de temps à autre, par hasard.

M'être rendue compte que je suis un sauvage asocial, ça m'a fait du bien. Jamais je ne serai la poupée que certains voudraient tenir sous leur coupe, et c'est tant mieux. Peut-être donnerai-je la main à quelqun, mais en toute confiance, cette fois-ci, tout est à recommencer on verra bien avec qui : lui ou un autre, mais un égal. Pas de projets en forme de cages à rêves, pas de conciliations aux allures de compromis, c'est fini. Demain on verra, demain. Une décision, que suivront mille autres.

J'ai réalisé que la bonne vieille amitié virile (hahaha), ça a du bon. Se rouler dans le sable en se bourrant de coups de poing, que cela vous paraisse étrange ou non, ça fait du bien. Et on se repose des émotions en buvant une tite mousse. Et on erre en quête d'un noctambus qu'on ne risque pas de trouver puisqu'on a pris une rue en sens unique (le mauvais, évidemment). Le week-end dernier j'ai vu plein de films débiles avec des copains, c'était rigolo : du kickboxing québecois, des peplums ratés, des histoires de dieux de l'Olympe qui font du kung-fu, une présentation du carnaval de Rio par Schwarty... que du lourd. J'ai aussi vu Volver, toute seule à la Villette. C'était bien!!! Le film, et d'être toute seule, ouverte à l'inconnu. J'ai discuté avec des types en sortant de la projection. Pour rien, juste pour parler. J'ai aussi été à un barbecue, et je me suis même super bien entendue avec une fille... oui, une fille!! On a bu du Calva, j'ai dormi dans un grand lit avec un nounours énorme. J'ai vu une comédie grinçante italienne des années 60, hier, drôle et méchante, truc de bidonvilles ; en plus je venais de ramasser des vêtements qui n'attendaient que le passage des éboueurs pour accéder enfin au repos éternel. Raté, ils m'ont plu. Bref, c'est la belle vie, je m'amuse, je suis libre.

Libre pour encore quelques mois. Ensuite, il faudra se décider, savoir si je la présente ou non cette ... d'agreg. Oh, je verrai bien d'ici là.
Savoir que devenir, comment vivre, manger et boire. Savoir où vivre.

Libre aussi d'oublier que je vis dans un pays qui est en train d'expulser pour la deuxième fois mon pote brésilien. La nation française le loge et nourrit en attendant, à titre gracieux (on est dans le pays des droits de l'homme, oui ou merde) dans un magnifique centre de rétention à Palaiseau. La classe, non. Sauf qu'il en est tellement content, du service, qu'il ne veut même pas que je vienne lui rendre visite de peur d'avoir à passer par la fouille obligatoire avant et après le parloir, à poil avec des mecs qui te tripotent de partout.

Libre d'oublier que je ne sais pas quoi faire pour changer quoique ce soit à ce foutoir, pour qu'on arrête de nous bassiner avec l'identité nationale, la rentabilité et le travail. Je n'aime pas le travail.
Je n'aime pas non plus l'argent, où est le problème? J'ai envie de vivre avec les gens et pas toute seule, de ne pas être riche tant qu'il y aura des gens qui crèvent de faim ou ne peuvent pas réaliser leurs rêves, où est le problème? Pourquoi est-ce que les pauvres eux-mêmes sont si scandalisés qu'on méprise ce bel argent, qu'on ne le dépense pas n'importe comment afin de n'avoir pas à s'en procurer du "nouveau"?
Je n'ai pas envie d'être salariée, même si je devrai bien l'être un minimum pour ne dépendre de personne, alors tant pis. J'ai bien choisi mes priorités, et je ne demande rien à personne, que je sache..

Je suis probablement immature. Bien. Je changerai d'avis dans quelques années. Bien. J'en aurai marre d'avoir du mal à joindre les deux bouts. Bien.
Et alors?
En attendant, je m'amuse, je me serai amusée. J'espère que les autres en feront autant, c'est tout.

Et, une fois de plus, je répète que je préfère une alternance de déprime glauque et de joies démesurées qu'une tiède et béate apathie. Mais bon. Vous me connaissez un peu, maintenant.

La prochaine fois je parle du rap. Promis.

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